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kamayiti.comRépublique du Tchad Unité-Travail-Progrès

Assemblée Nationale

Commission des Droits de l'Homme et de la Communication

Le Député Fédéraliste Ngarlejy Yorongar


Mise au point: Grâce à Dieu, je suis provisoirement encore en vie pour témoigner de ce que j'ai vu, entendu et vécu lors de ma captivité par la garde présidentielle d'Idriss Déby dans une prison secrète sise à Farcha.

Le 3 février à 17 heures, je suis enlevé de chez moi par des militaires de la garde présidentielle en présence des dizaines des membres de ma famille et de nombreuses personnes tant dans la cour de mon domicile qu'à l'extérieur, plaqué sur le plancher de la Toyota, conduit dans une prison secrète à Farcha sise dans un petit camp militaire non loin du jardin d'Idriss Déby, enchaîné 24 heures sur 24 et interdit de prendre la douche durant ma captivité. Ce camp est entouré d'un mur ordinaire sur lequel sont encastrés des fils barbelais neufs. Il est archi surveillé de l'intérieur, mais, sans la présence visible militaire à l'extérieur. Un grand bâtiment à l'entrée à droite, une vielle bâtisse à gauche qui servira de notre lieu de captivité et à l'arrière cour un camp militaire.

J'y ai trouvé M. Lol Mahamat Choua en pyjamas djellaba et tête nue contrairement à ses habitudes en train de prier.. Puis M. Ibni Oumar Mahamat Saleh en djellaba est débarqué avec brutalité, ensuite une quatrième personne dont j'ignore l'identité puisqu'il commence à faire nuit. J'apprendrai plus tard parla causerie de nos geôliers que le Députés Kamougué Wadal Abdelkader a échappé in extrémiste à cet enlèvement. Tandis que le Député Saleh Kebzabo absent de N'Djaména, c'est son frère qui aurait reçu une balle pour avoir tout simplement répondu aux militaires venus pour procéder à son enlèvement qu'il est absent du Tchad.

Nous faisons, tous les trois, l'objet de l'isolement total. Seuls deux militaires sudistes et le responsable zakawa de l'équipe de nos geôliers qui ont droit d'entrer dans nos cellules. Les autres gardiens sont tenus à l'écart même au moment de vider nos urines et excréments vers 04 heures du matin. Depuis son arrivée musclée, le 3 février, je n'ai pas de nouvelle du quatrième captif.

Quelques jours seulement après notre enlèvement, M. Ibni Oumar Mahamat Saleh a disparu de sa cellule. Dans la nuit 10 au 11 février, M. Lol Mahamat Choua passé à tabac dans la nuit du 8 à 9 février disparaît à son tour.

Toutes sirènes hurlantes, Idriss Déby est venu deux fois s'entretenir avec nos geôliers.

Le 21, février, je suis, à mon tour, extrait de ma cellule entre 02 heures et 03 heures, toujours enchaîné, les yeux bandés jeté dans la carrosserie de la Toyota qui démarre en trombe pour me conduire au cimetière de Ngonmba (Walya), un quartier situé au sud de N'Djaména où les chrétiens et les sudistes d'une manière générale enterrent leurs morts. Là, on enlève le bandeau de mes yeux et libère mes jambes de la chaîne. On me fait coucher avec brutalité entre deux tombes dans le dessein de me liquider. Mais, heureusement, Dieu Le Miséricordieux m'a épargné le pire.

Ayant repris mes sens, j'ai quitté le cimetière en titubant pour me retrouver à Walya investi par la brigade mixte (police-gendarmerie) qui procède à la fouille pour les objets volés et à la recherche des rebelles cachés, puis à Nguéli, d'où j'ai organisé ma sortie du Tchad pour me retrouver là où je me trouve présentement. Je crois qu'en liberté, je peux, par mon témoignage, aider à la manifestation de la vérité, puisque, le gouvernement fidèle à ses tissus de mensonges et des manipulations vient de coller à M. Lol Mahamat Choua l'étiquette de prisonnier de guerre pour le maintenir en prison afin de le faire taire. Et moi-même, je suis convoqué, le 22 févier, par la police judiciaire dans le même but. Pourtant, au départ, je voulais rentrer tranquillement chez moi pour affronter le pouvoir après un entretien téléphonique préalable avec des journalistes internationaux d'Africa n°1, RFI, BBC, la Voix de l'Allemagne et la Voix de l'Amérique. Mais, j'ai décidé de me mettre à l'abri pour témoigner d'abord.

Surtout qu'Idriss Déby disait, en février 1999, à un groupe d'une soixantaine des cadres ressortissants de ma région natale invités pour la circonstance qu'il me logera une balle lui-même dans la tête si je ne cesse pas de l'embêter :« La prochaine fois, dit-il, je lui logerai moi-même une balle dans sa tête. Désormais, il n'y aura, pour lui, ni prison ni libération et encore moins des interventions fussent-elles des organisations et personnalités internationales de ce monde qui passent leur temps et ne cessent d' intervenir pour lui, chaque fois, qu'il est arrêté. C'est fini à partir d'aujourd'hui. Faites votre travail pour le ramener à la raison…».

En, 2001, il a failli mettre à exécution ses menaces, quand il m'a fait arrêter pour la treizième fois quand je l'ai battu aux présidentielles du 20 mai. C'est la prompte intervention du Président de la Banque Mondiale, M. James Wolfensohn qui l'en a dissuadé. Toutefois, il s'est résolu à me torturer lui –même en personne au quatrième Arrondissement de police de N'Djaména où il m'a fait conduire et mettre à sa disposition. C'est là qu'il s'est acharné sur moi au point de m'envoyer à l'hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris, grâce aux efforts conjugués par des médecins samaritains tchadiens vivant en France et une samaritaine vivant au Tchad. Déjà, moins d'un mois plus tôt, grâce à l'Assemblée Nationale Française, j'ai été hospitalisé, de mars à avril 2001, dans le même hôpital où j'ai pu récupérer l'usage de mes jambes paralysées à la suite des tortures subies lors de ces multiples arrestations. A défaut de me loger une balle dans la tête, il est décidé à me bousiller.

De ce qui précède, je tiens à attirer l'attention de l'opinion nationale et internationale que M. Ibni Oumar Mahamat Saleh est mort dès les premiers jours de notre captivité puisqu'à son arrivée dans cette prison secrète où nous sommes séquestrés, il a eu droit, sous mes yeux, à des coups de poignes et de cross aux cris des marsouins à la zakawa. A moins qu'il soit admis dans un hôpital pour des soins ou d'un miracle.

J'espère que tout ce qu'on m'a fait ingurgiter lors de ma captivité ne va pas m'emporter avant de témoigner pour l'histoire du Tchad. De même, je demande à Dieu de continuer à me protéger contre ces tueurs mis à mes trousses pour me permettre de livrer à l'opinion ce que j'ai vu, entendu et vécu lors de ma captivité.

Idriss Déby alias «Septembre noir» des années 80 et 90 est de retour.

Du fait des aliments douteux qu'on me fait ingurgiter lors de ma captivité, mon souci actuel est de me faire examiner et soigner dans un hôpital spécialisé sinon je risque de connaître le même sort que celui de M. Mahamat Nour, ancien rebelle devenu Ministre de la Défense empoisonné soit à N'Djaména soit à Pékin où il a failli mourir au cours d'un voyage d'Etat effectué en compagnie de son patron, Idriss Déby.

Merci, mille fois merci à toutes celles et à tous ceux qui nous ont, sans relâche, soutenus dans cette dure épreuve (à suivre en lisant mon interview exclusive dans le journal, AfriqueEducation, du 1er au 15 mars 2008).

 

Afrique, le 26 février 2008

Le Député Ngarlejy YORONGAR,

Auteur du livre: Tchad, le procès d'Idriss Déby, témoignage à charge, Editions L'Harmattan, 2003.

Coordinateur Exécutif Fédéral de FAR/PARTI FEDERATION; BP 4197 N'Djaména et Président de la Fondation pour le Respect des Lois et Libertés (FORELLI) BP 137 N'Djaména (République du Tchad); Tél. (+235) 629 49 71; (+235) 626 49 71; Mail: Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ; Website: www.yorongar.com.


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